Présentation
Ceci est le compte-rendu adressé au journal de la Scuderia Guzzi, au retour de notre voyage en Pologne été 2000, dans son intégralité.



Coucou ! Je reviens de quinze jours de thermalisme intense : Mon médecin traitant (pas trop mauvais, mais roule en Suz')
m'ayant prescrit et presque ordonné deux semaines de cure de bière, j'emballe mon peignoir, refais l'étanchéité moteur/boîte (un
joint de la durite de retour d'huile défaillant, l'autre titubant carrément) sur ma bonne vieille GT, emprunte un top-case superbe à
Hugues, (avec ses sacoches rouges en peau de locomotive, son pare-brise et le top-case, elle fait presque goldouïngue, les portières
en moins... ) et direction l'Europe Centrale, région que j' affectionne particulièrement.

Se joignent à moi, mes amis Patrick (déjà ou futur scudériste) : trésorier des Veuves Noires (entre nous, il a pas grand chose à ramer, car y'a pas de ronds dans la caisse...) d'ailleurs on n’a pas de ronds pour l'acheter, la caisse...
Patrick donc, chevauchant fièrement sa Calif 3 de 93 (bientôt 100 000 km, un jeu de cartouches de fourche changés le mois dernier, et c'est tout, il a même encore les chicanes à ses pots, même qu'en se penchant un peu, on les voit par les deux grands trous qui béent
comme des agneaux bêlent en se chicanant) et Steve, vaillant motard hollandais, HD Sportster 1200, non, là, on arrête, sur sa
meule, y'a pas de franges mais une paire de bracelets, et il s'en sert tous les jours pour aller bosser (80 km/jour) et puis, c'est un
vieux pote, d'ailleurs, quand je l'ai connu, il roulait en Suzuk 400, alors même avec ses cylindres de traviole, il s'est quand même
amélioré !
Et puis c'est un étranger, et ces gens-là, on dira ce qu'on voudra, y sont pas normaux comme nous, quoi !
 
Je prends rapidement plein de bonnes résolutions en présence de mon épouse, et nous partons dans la brume matinale,
alors que gazouillent les pinsons dans les buissons et que niquent les lapins derrière les haies (Je l'ai arrangé un peu, mais c'est de
Maïqueul, merci, Maïqueul !!). Et là, je déconne pas, j'ai même promis de repeindre la cuisine à mon retour !

Là, on est partis, on passe à travers Sospelle (tu crois qu'il nous aurait cornemuzé un truc genre chevauchée des Vachquiryes, à notre passage, le grand Jacques ?) déjà une paire de cols et arrivons à Tende, et tirons paisiblement jusqu'à Lecco, pour le
déjeuner -- Ah oui, le but du jeu est de traiter par le mépris tout tronçon d'autoroute -- Continuons rassasiés certes mais toujours piaffant sur nos puissants destriers, passons à un jet de soupape seulement de Mandello, traversée rapide aussi d'une tranche de Suisse (les motards suisses ressemblent vachement aux schpountz (moto souvent kolossale, équipement qu'on dirait la photo couleur sur la couverture du catalogue Hein Gefricke, crampe de l'avant bras gauche...) Enfin, c'est aussi des étrangers, même s'ils sont chez eux, là.
 
Nous passons en Autriche et nous arrêtons avant Landeck dans un charmant village dont j'ai oublié le nom et dont les maisons
et les serveuses ont des balcons superbes.
Appelons le donc Schnapsfürmich pour lui donner un nom, montons la tente après avoir donné de l'eau fraîche aux motos étendues à
l'ombre des grands apfelstrudeliers.

Nous nous payons aussi mutuellement à boire et je redécouvre la Weizen Bier, qui est à base de blé, malheureusement trop rarement servie comme il se doit, avec grains de riz pour activer la formation de mousse et tranche de citron pour parfumer le "feldwebel" qui est le chapeau de mousse qui doit être ferme et persistant.

Le lendemain, nos motos reposées nous enlèvent dès la première heure suivant la fin du copieux petit déjeuner, suivons la vallée de l'Inn, Innsbrück, petite incursion en Schpountzland,
De nouveau l'Autriche, traversons Salzburg, ne faisons pas de dépôt de gerbe à Braunau-am-Inn, croisons des troupeaux de tarmos teutons, il fait très beau, beaucoup de Viragos dehors !!!

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Passage de la frontière de la république tchèque, là les douaniers, qui, faut-il le répéter, ne sont pas que des cons, ne mettent qu'un seul instant à s'apercevoir que notre ami hollandais transporte 4 kg de H dans son sac à dos !
Mais non, on n’est pas si cons, sa carte verte n'était valable que jusqu'à la veille, donc une demi-heure de formalités et grâce à la toute-puissance du dieu DM, cap toujours au Nord, direction Prague.
Je tais volontairement l'itinéraire exact pour difficulté à orthographier correctement ces p... de noms, et puis, c'est étranger, et de toutes façons, vous vous en foutez, alors pourquoi je me ferais c... à l'écrire?
En Pologne aussi, c'est même pas dans l'ASCII, leurs lettres !! Il est à noter :
-Il est presque 4 heures et on a toujours pas bouffé
-On voit moins de Schpountz en moto, d'ailleurs on voit beaucoup moins de motos
-L'exquise délicatesse du caisseux slave : Celui-ci n'hésite pas à faire une embardée sur la droite et à serrer un max sur le bas-côté, qui parfois est très bas ou peut aussi être un haut-côté, de façon à ce que le dépassement s'effectue majestueusement.
Les mecs en face en font autant, et t'as même pas besoin de bouffer la ligne blanche pour passer !
Moi, je l'ai bouffée (la ligne blanche) uniquement pour leur témoigner ma satisfaction.
On n'est pas des sauvages, quoi !
- Les Tchèques doivent apprendre à rouler en moto d'une seule main, car quand t'en croises un, qu'il soit en Dniepr ou en Simson, le bonjour qu'il t'envoie n'a rien du timide lever de petit doigt, mais s'apparente plutôt au mouvement que fait le torero arborant les
couilles de l'animal fier et courageux qu'il vient de mettre à mort.
En plus (ça, j'en suis pas sûr), il me semble qu'ils murmurent des paroles de bienvenue, ils peuvent pas tous être en train de cracher
des insectes quand tu les croises (j'en ai déjà mangé un bien juteux qu'était sucré, c'est pour ça que je l'ai pas craché, mais c'était
en France).
On a pas vu les Virago, mais il fait vraiment très chaud, un doute me vient : La Harley tiendra-t-elle?
 
Entrons dans Prague vers 18 ou 19 h.
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Mes amis Michal et Alena sont prévenus, mais il faut traverser la ville pour les joindre. Au bord d'une pénétrante de Prague, en profitant d'un arrêt carburant, nous questionnons le pompiste qui sort un plan de son étalage et commence ses explications dans la langue de ses ancêtres, arrive alors un caisseux, qui,après avoir fait le tour de nos motos (vu les 2 "F") nous propose de nous piloter jusqu'à Cerny-Vul (prononcer "tchernîvoûle" avec l'accent tchèque) là oùsqu' on va, quoi ! On traverse la ville.
C'est sans transition la campagne et nous nous retrouvons à l'entrée du bled, tiens, y'a un bistro, alors j' y vais pour demander, mais les indigènes ne nous comprennent pas, et après avoir essayé avec les mains, l'un d'eux enfourche un 600 DR et nous suivons.
A 1 km, il nous laisse devant la porte. Il est à noter que les villages n'ont pas de nom de rue, et que chaque habitation est désignée par un numéro, tu vois le cauchemar des livreurs, toi?

Michal et Alena nous attendaient, ça faisait depuis 1986 que nous ne nous étions revus, ils étaient à l'époque venus chez moi, mais
sans leurs jeunes enfants, qui n'avaient pu quitter le paradis socialiste d'alors.
On s'embrasse, on rigole, on sort les photos de l'époque, les motos sont au garage, nous allons dans un proche bistro chercher des
cruches de bière (ça se vend au seau ici) ils nous organisent une petite fête avec tout ce qu'il faut, je fais la connaissance de leurs filles ( 20, 22 et 24 ans) et grande fête jusqu'à je sais plus... Je vais la sortir maintenant avant d'oublier : Si je suis venu en Tchéco en
Guzzi, c'est pour faire la Jawa ! ! Ouaff ! !
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Le lendemain, ils avaient tous deux pris des congés pour nous faire tout visiter : depuis le balcon d'où le Roi Wenceslas aurait dit à la foule de ses sujets massés là : "Comment allez-vous, yaux de poêle? " mais en patois local, sinon ils auraient pas rigolé, jusqu'à l'auberge préférée de leur brave soldat Chveïk.
Ils voulaient nous garder, ils voulaient que nous restions, une de leurs filles s'était même résignée à prendre le voile si nous les laissions, mais il a fallu continuer!
A l'heure où j'écris, leur chien est sûrement mort de faim et de tristesse...
En sortant du village, nous avons remarqué qu'une petite main avait nettoyé nos pare-brise des milliers de créatures qui l'avaient décoré depuis le départ.




Toujours cap au Nord, frontière polonaise, les virages se font rares, les motos rarissimes. La conduite moto, c'est un peu comme en Hollande en moins large et plus bosselé : De très longues lignes droites, et puis un (petit) virage et re-ligne droite : je suis sûr qu'un
mec comme not' Jojo à nous, il se croirait dans sa loco !
La Pologne est aussi un pays plat. Soulignez "plat".
Finalement comme les lignes droites sont longues, et le pays plat, on peut très bien rouler à donf tout en admirant le paysage. Les forêts sont nombreuses et profondes. Soulignez "profondes".

Au bord de celles-ci, un véritable commerce s'est organisé: là, des fraises, des champignons, des cerises etc. sont en vente, plus loin, ce sont des anguilles fumées que les marchands d'anguilles fumées balancent au bout de leur bras, ou des nains de jardin
par centaines (comme les cigognes, ils doivent se reproduire là) ou bien plus simplement de très jolies jeunes filles très courtement vêtues qui ne secouent pas d'anguilles là, je sais pas ce qu'elles vendent, elles ont même pas de panier !

Ici, si vous voyez un Tunique bleue local vous viser avec une sorte de caméscope, ne dites pas : “Souris, Germaine, le monsieur il nous filme” mais ralentissez, car vous êtes en plein dans un Kontrolla Radarowa.
Par contre, si les flics sont torses nus, ils ne vous embêteront pas, ils bronzent !

Plein de petits villages, la moyenne en prend un coup,même pour une Calif'.
Pour savoir si t'arrives dans un village, tu observes la route: dès que c'est encore plus bosselé qu' ailleurs, et qu' arrive un virage, c'est l'entrée du bled : et dans le bled, tu peux trouver pas mal de choses sur la route : une grande prudence est de rigueur.
Comme les motos sont inexistantes, chaque motard qui passe est admiré (chez moi, il faut au moins avoir une Harley à 40 plaques pour être admiré, ici, on s'en tire pour beaucoup moins cher, c'est dire, même Patrick et son Calif' ont été matés par plusieurs autochtones)

Il y a 4 ans, dans la même région,  j'avais vu pas mal de voitures et camions en panne, restés là où ils s'étaient arrêtés, des charrettes à chevaux empruntant la même route que des centaines de camions fumants et puants, les choses se sont bien arrangées, la signalisation est en place, les autos occidentales sont omniprésentes,quasiment plus de Trabant, Wartburg et autres cylindres à trous.
Les camions aussi, se sont occidentalisés, bien que de nombreux Jelcz, Liaz et Kamasz roulent encore (A ce propos,je vais vous livrer une information que j'ignorais encore il n'y a pas longtemps : Les firmes Kamasz et Soutrah vont enfin fusionner, murmure-t-on dans les milieux autorisés) On arrête de déconner, parce qu'il reste bien encore 300 bornes avant de dépasser Posznan, et d'arriver
dans un bled entre - prononcer : Tcharrnkoûffh - et - prononcer : pîoûah - où nous attend notre ami Jurek, le motard le plus polonais que je connaisse.
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Arrivée vers 20 h, embrassades, rigolade, ah oui, la bière s'appelle ici Piwo (prononcer : pivot) elle ne prend quasiment jamais le chemin du frigo, ce qui fait que tu la bois toujours tiède. La vodka coule ici à gros bouillons, car le père de Jurek est un grand spécialiste de la distillation !

On va se coucher chais pas quand, on s'est pas encore lavé, mais maintenant, c'est plus important.
Plusieurs heures après, petit déjeuner local : Charcuteries, fromages, tomates, ail, oignons, cébètes, concombres et poivrons et nous pouvons sans transition attaquer la première Piwo du jour, suivies par bien d'autres bien tièdes.
Mon pote Jurek est le pape de la BMW R75 et Zündapp KS750.

Il vend actuellement aussi une MV350 bicylindre. Il réalise actuellement une copie conforme de la remorque équipant les sides de la Wehrmacht.

Comme il est en retard de fabrication, il ne peut nous guider comme prévu et nous nous débrouillons donc seuls et décidons d'atteindre la Baltique, but culturel de notre voyage.


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Après une bonne cent-soixantaine de km, Steve se range devant une église. Croyant à une subite crise de mysticisme, je m'arrête aussi, mais je vois à sa tête que quelque chose ne va pas : plus d'embrayage,
Le câble étant intact, c'est peut-être la butée. Bien sûr, c'est une pièce supposée ne jamais casser, il y a en Pologne un seul dealer HD, c'est à Varsovie, soit grosso modofski 4 à 500 km.
Nous n'avons plus qu'à rentrer, la boîte de la HD est comme celle de la Guzz': Quand on la connaît bien, on monte et on descend sans trop de problèmes.

Démontage chez Jurek, c'est bien la pièce qui TIRE les disques qui est cassée; Jurek récupère un burin d'un outil pneumatique,
monte un outil carbone sur son tour et réalise mieux que HD une nouvelle pièce aussitôt montée, et prêts pour nouveau départ le lendemain. Tout heureux, nous nous accordons quelques bonnes bières bien tièdes.

Re-petit déj' et toujours cap au Nord, et là, découverte d'un obstacle encore inconnu au détour d'un virage: La procession religieuse.
Je crois qu'il faut être profondément croyant pour se balader (à pied, bien sûr) sur la route sans crainte d'être renversé par tout ce qui se déplace à une vitesse supérieure à celle d'une procession !
Donc, environ une cinquantaine de personnes, enfants, ados, jeunes adultes et plus vieux aussi, se donnant la main, hissant des portraits du pape comme nos cégétistes brandissent la photo de Séguy, d'autres ont une espèce de sac à dos, contenant un
magnéto surmonté d'un énorme HP, diffusant de la musique religieuse ou du hard-rock (la mélodie des Lafranconi m'empêche d'entendre)
Et tout ça est encadré par de nombreux ecclésiastiques de tous grades, portant soutane et munis du pistolet lance-hosties réglementaire.

Nous arrivons à Gdansk (Dantzig pour les germanisants) une très belle et ancienne ville (Les grandes villes sont toujours
très belles, alors que le reste du pays mériterait un bon coup de fraîcheur, mébon, faut dire aussi que les grandes villes ont quasiment toutes été rasées au cours de la dernière, et donc reconstruites à l'identique )

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Détours dans les ruelles, tiens, on entend parler toutes les langues, ici, on sort de la ville, fait le tour des chantiers navals immenses (Ca vous dit quelque chose, Solidarnosc et Walesa ? ) et arrivons sur le Westerplatte,
c'est ici, que le 01/09/39, des obus tirés par le cuirassé Schleswig-Holstein tuèrent une vingtaine de soldats polonais : La deuxième guerre mondiale venait de commencer.

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Elle est pas belle, la Baltique ?

Départ pour la presqu'île de Hel, faisant face à Gdansk à l'ouest, et St. Petersbourg à l'est. C'est le territoire polonais le plus au nord.
Arrivée vers 20h. Hôtel, on part vite bouffer, car la plupart des restaus sont déjà fermés : C'est pas Juan les pins, on trouve un truc
super, rempli de pièces de bateau cuivre/acajou.
Piwos, repas complet et abondant poisson, morue fraîche, blanc de Bordeaux, desserts et vodkas Zubrowka pour environ 80 FF par personne.
L'hôtel donne sur le port et la Baltique, ça doit être pour ça qu'il en coûte aussi près de 100 FF par personne.

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Le port de pêche de Hel, est situé à l'extrémité d'une presqu'île d' une quarantaine de kilomètres.


Retour le lendemain matin car nous devons assister à une concentre à Trzcianka (prononcer : tchiârrrnka) Nous y arrivons à l’apéro et demie, faisons une arrivée remarquée et repiwo.

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Steve à droite. Bière succulente !

Finalement, c'est triste d'être polonais : la plupart ne connaissent pas les Guzzi. Jurek nous rejoint, on se tape une 'tite chope et faisons éponger ça par une soupe aux haricots servie d'une roulante militaire, et aussi épaisse que l'intellect d'un commissaire
politique.

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  Les Polonais ont une manière bien à eux de garer leur brêle !























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  Pas trop de zlotys, alors on roule sur de vieux cylindres à trous, fierté de l'industrie du socialisme radieux





















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  Ca doit être une Oural ou Dniepr (?)
























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  Des Junak, motos Polonaises culbutées.

  Motos très fiables à ce que l'on dit
(mais ce sont les Polonais qui le disent...).


















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  Un bricoleur sachant bricoler a monté ce moteur de VW Coccinelle sur sa brêle





 

















Avec Patrick, nous décidons de rentrer plus tôt, quitte à rater the concert, ( je dois dire que je n'apprécie que très modérément
les routes du coin la nuit, et il y a quelques soirées, parti en T-shirt et petit blouson, je me suis pelé comme pas possible pour rentrer, malgré le pull prêté par Steve et ma combi pluie.) 
A 700 m de chez Jurek, au village, il y a peut être un bistro encore ouvert ?...
Il y a 4 ans, il y avait un bureau de poste, mais pas de téléphone!!!

Nous allons voir, et là, surprise, y'a du monde, 5 ou 6 personnes.
Nous garons les motos devant la porte, les 5 ou 6 nous dévisagent comme des martiens regarderaient un contractuel leur dresser un PV pour stationnement interdit, et là, un autre mec nous tombe dessus en vociférant je ne sais quoi dans sa langue.

Nous sourions poliment, et je l'attrape par la manche pour lui faire lire le "F" des motos : Là, il s'exclame quelque chose qui ressemble à "Fransousska", les sourires s'affichent, le taulier (car c'est lui) nous prie d'entrer, il parle un peu d'allemand, nous paie à boire et re-piwo, il nous explique que c'est son notzklub (boîte de nuit) que ça va commencer et nous installe à sa table pendant qu'il vend les tickets d'entrée.

Quelques gorilles genre notre 15 ribounets mais en moins souriant ont pour mission de surveiller nos meules : J'ai vu nos bécanes déjà fort entourées, même par de jeunes enfants : jamais un doigt dessus !!
On rejoint notre palace vers 2h30 ou 3h30, le jour pointe déjà : il fait jour dès 4 h.

C'est dimanche, on bulle, on ne va pas à la messe, on en profite pour mettre les dernières bières au tiède.
Petit déj', adieux déchirants puis direction la frontière et Berlin par les petites routes (un seul grand axe pour tout le trafic entre Amsterdam et Moscou). Arrêt avant la frontière, nous décidons de convertir nos Zlotys en Vodka.

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J'immobilise d'une main ferme mon monstre qui ne rutile plus guère, le béquille d'un geste élégant, et là, surprise, je m'aperçois que
mon top-case, ou plutôt, le top-case de Hugues, avec mes affaires dedans, n'est plus là !

Patrick, qui me suit, n'a rien vu... Notre dernier plein a été fait il y a 70 km, donc nous repartons sur la steppe en scrutant les hauts et
bas côtés jusqu'à la station où Steve re-fait le plein : réservoir 8 litres, donc il s'arrête tous les 125 km environ et nous remplissons les Guzz' tous les deux arrêts.
La tête du pompiste était drôle à voir : il avait fait le plein de cette bécane y'a pas une heure, et le voilà de nouveau... Une nouvelle recherche ne donnera rien, je fais mes adieux à tout mon linge propre, mon beau ceinturon Guzzi, mon peignoir blanc et surtout mes PHOTOS.
Je suis vraiment désolé, Hugues. A présent, plus de place pour la plus petite bouteille, alors direction Berlin, où nous disons au revoir à Steve, et piquons plein sud vers Leipzig.

Nous y arrivons vers 17h, et décidons d'acheter une batterie pour la Calif'(batterie 7 ans, la Calif' vient de franchir son premier 100
000km) Il doit y avoir 1.5 million d'habitants à Leipzig, mais seulement un marchand de motos, nous mettons plus d'une heure à trouver, les explications des indigènes étant souvent contradictoires, puis retour, cette fois, on craque et on prend l'autoroute jusqu'à Hof, (Bavière) où, faute de camping, nous nous jetons dans le premier hôtel venu.

Le lendemain, nous voyons les Virago, il fait toujours très chaud, nous arrivons à Munich dans le bordel de midi, et là, le caisseux
Schpountz, il n'aime pas qu'on le double et il te le fait savoir en te coinçant quand il le peut, on s'en sort pour casser une petite croûte à Dachau, réputée pour ses petits fours, et c'est la route vers la Forêt Noire qui commence, quand, peu avant Biberach, je me mets à piloter soudain un mono 425 cm3, je fais tirer jusqu'à trouver un peu d'ombre, le diagnostic tombe quelques secondes après : une bobine grillée.
En moins de temps qu'il ne faut à Patrick pour engloutir un kilo de saucisses, la bobine était remplacée , mais nous avions pris trop de
retard depuis la veille pour la partie touristique qui devait suivre : vallée du Danube, carmel de Beuron (où Carl Orff découvrira les manuscrits médiévaux qui lui permettront d'écrire un certain Carmina Burana) , Sigmaringen. J'ai aussi un pote motard à Mengen, que nous avons traversé, s'il l'apprend, j' aurai de graves problèmes avec lui.

Nous sommes attendus chez mon vieil ami Hans qui habite la charmante localité de Kenzingen, au bord du Rhin et à 20 km de Freiburg,

Nous y arrivons vers 20h, mon pote est parti bosser, mais j'explique mes aventures topcasesques à sa femme qui me prête T-shirt, slip et peignoir et me promet mon linge propre pour le lendemain.
Nous préférons dormir non pas dans leur maison, mais à 5 km de là.Ils ont une caravane sur un chouette terrain avec lac.
 Le lendemain,je profite un peu de mon pote qui ne reprend le boulot qu'à 14 h, petite visite du pays pour Patrick, dans les bistrots de Kenzingen, ils ont des pendules qui fonctionnent dans le sens INVERSE des aiguilles d'une montre, va rentrer à l'heure, toi !

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Pêche à l'anguille, de nuit. Les cannes sont munies d'un grelot, et en attendant que ça morde, on boit des bières...

Départ matinal, direction Chalamont (01) à travers Vosges et  Jura, nous arrivons dans l'après-midi, à côté de certaines étapes de plus
de 11 heures et 800 km, c'est du velours !

Même Patrick revit: Il comprend ce que les gens racontent ! ! Là, c'est nos amis Riquet et "Mim" qui nous attendaient; et devinez ce que
l'on mange dans les Dombes, en plein pays de la grenouille ? ? Donc, et pour mettre la dernière couche à mon taux de cholestérol, après la saucisse polonaise et le schnitzel germanique, le troupeau de grenouilles nageant dans une mare de beurre (on en a même repris, c'était vraiment pas raisonnable) et puis pour faire bien, gratin dauphinois, fromages et tarte à la crème (on a tout juste échappé au poulet à la crème, autre trésor culinaire régional).

Cerise sur le gâteau pour le lendemain : 500 km de Napoléonstrasse, comme disent nos voisins, c'est un sujet que j'ai déjà
traité, je n'y reviendrai pas, casse-croûte à Gap, où, en béquillant du mouvement élégant déjà décrit plus haut, je constate que ma sacoche droite ne tient plus que par le point d'attache du bas, et que le porte-bagages s'est dessoudé en 2 points en haut : Aprés avoir questionné Patrick, il m'a annoncé n'avoir rien vu (il roule toujours derrière moi).
Attention à tous ceux qui pourraient un jour rouler avec Patrick : Si vous êtes devant et que vous tombez, je ne donne pas cher de vos os quand il vous aura roulé dessus.
..
Arrivée à Cannes vers 17h, merde, les touristes sont là ! ! Pour alléger le récit, nous avons volontairement passé sous silence dans quelles conditions quelques hectolitres de boissons diverses ont été consommés.

Pour Patrick et moi, 5716 km de bonheur, et plus pour Steve : il a commencé par quitter Amsterdam pour rejoindre le sud de l'Espagne
(Murcia) où un de ses potes se mariait, a rejoint Cannes où il m'a assisté dans le démontage/remontage et d'où il est parti avec nous en HD certes, mais pas de la balade de pédé, non ???
Jean Noël, Heu-reux !!
 

Date de création : 22/01/2011 @ 19:21
Dernière modification : 10/02/2011 @ 17:41
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